Par Monts et par Vaux

 

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Fontaine-de-Vaucluse (1ère partie)

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Fontaine-de-Vaucluse est un petit village du Vaucluse de 700 habitants environ, bâti à 150 mètres d’altitude au bord de la Sorgue, une rivière qui va rejoindre l’Ouvèze avant de se jeter dans le Rhône près d’Avignon.

 

 

Sa célébrité vient d’une curiosité géologique située quelques centaines de mètres en amont : une incroyable résurgence (la cinquième du monde) qui est devenue le type-même de la « source vauclusienne » au pied de formidables falaises rocheuses de plus de 200 mètres de hauteur. C’est à cet endroit que naît la Sorgue, naissance qu’on considère comme la plus grande source de France.

 

Toponymie : Du latin Vallis clausa, la vallée close, fermée, puis du Provençal vaù cluse, donna son nom au département formé en 1793 et devint "Fontaine de Vaucluse" en 1949.

 

Avant de nous diriger vers la fameuse fontaine, profitons un peu du village avec ses maisons aux toits de tuiles regroupées autour de l’église, ses jolies façades qui attirent le regard comme celle de la maison ci-dessous ornée de grappes de raisins et bien sûr la charmante Sorgue bordée de vieux édifices (moulins) :

Fontaine-de-Vaucluse (Vaucluse), 150 m. d’alt., le 2 Mars 2009 (pour toutes les photos)

 

 

Le secret de la fontaine :

 

Parti pour faire danser les filles de l’Isle sur Sorgue , le vieux ménétrier Basile s’endormit à l’ombre un chaud jour sur le chemin de Vaucluse. Apparut une nymphe, qui, belle comme l’onde claire prit la main du dormeur et le conduisit au bord de la vasque où s’épanouit la Sorgue.

Devant eux l’eau s’entrouvrit et les laissa descendre entre deux murailles de liquide cristal au fond du gouffre.

Après une longue course souterraine, la nymphe, au milieu d’une souriante prairie semée de fleurs surnaturelles, arrêta le ménétrier devant sept gros diamants. Soulevant l’un d’eux, elle fit jaillir un puissant jet d’eau.

Voilà, dit elle, le secret de la source dont je suis la gardienne, pour la gonfler, je retire les diamants, au septième l’eau atteint « le figuier qui ne boit qu’une fois l’an » et elle disparut en réveillant Basile...

 

Frédéric Mistral.

 

 

Depuis l'Antiquité, la source de la Sorgue (du latin surgere, sourdre, sortir de terre) intrigue les hommes. Situé à 105 m. d'altitude prés du village éponyme, ce lieu recèle une triple énigme.

 

Par un petit sentier en pente douce on atteint le fond d'un cirque rocheux cerné de hautes falaises vertigineuses.

 

Ci-dessous, le fond du vallon où se trouve la résurgence avec les impressionnantes falaises qui le dominent :

 

Abritée sous une voûte de pierre, au pied d'une falaise de 230 m. de haut, cette flaque d'eau pure, verte et figée dans un puits de plus de 10 m. de diamètre devient jaillissante et bouillonnante après les pluies de printemps et d'automne.

 

 

 

Dès la sortie du lac de résurgence, la Sorgue naissante dévale gaillardement son vallon en direction du village :

 

 

Le miroir étale n'est en fait que la partie apparente d'un gigantesque gouffre qui se terminerait à plus de 300 m de profondeur ce qui en fait le plus profond conduit noyé connu.

 

Les scaphandriers s'y laissent tomber en chute libre, ayant l'impression d'être absorbés par les entrailles de la Terre.

 

En 1985, le Spélénaute, robot porte caméra, atteint -308 m., il assura la sécurité des plongées archéologiques.

Mais, est ce là le fond ???

 

GEOLOGIE : d'où vient l'eau ?

 

Par "émergence ou source vauclusienne" les géologues entendent l'aboutissement d'un puits quasi vertical, sorte de cheminée dans laquelle l'eau monte et descend.

 

Le site se trouve en effet au débouché d'un gigantesque réseau souterrain qui canalise l'eau d'un périmètre de 1 240 km² borné au Nord par le mont Ventoux et la montagne de Lure et au Sud par les montagnes de Vaucluse.

Ce réseau est appelé impluvium.

 

Au dessus de la fontaine se trouve un aquifère karstique, c'est à dire un bloc calcaire de 500 à 800 m. d'épaisseur qui joue le rôle d'un réservoir percé.

Ce massif est  fracturé verticalement en d'innombrables cassures et failles et parcouru horizontalement par des couches plus ou moins perméables.

L'eau de pluie circule donc dans ce réseau, s'y accumule comme dans une éponge jusqu'à ce qu'elle rencontre une barrière faite d'argile et de calcaire étanche.

Rendue acide par le gaz carbonique qu'elle contient, elle dissout progressivement le calcaire, élargissant les passages dans la roche.

C'est donc sous terre tout un ensemble de conduits larges ou étroits, de cheminements lents ou rapides, de réservoirs perchés, de cavités, de drains.

L'eau dégringole à des vitesses variables vers son exutoire majeur en partie basse du massif: le haut du puits de la fontaine.

Par intermittence, la margelle déborde entre  30 et 280 jours par an avec les pluies d'automne et de printemps.

Quand le débit dépasse 22 m³ par seconde, le niveau monte dans le puits et l'eau se répand à l'extérieur.

L'eau jaillit, formant une cascade dont l'écume bondit jusqu'à 120 m³ par seconde, alimentant la Sorgue sur les 56 km de son cours.

 

Débit annuel : 630 millions de m³, ce qui en fait la première de France et une des plus importantes du monde.

Débit minimum : 4 m³ par seconde en période d'étiage.

Débit maximum : 100 m³ par seconde.

 

Ci-dessous quelques vues des paysages géologiques karstiques caractéristiques dominant Fontaine-de-Vaucluse :

 

Fontaine-de-Vaucluse (Vaucluse), 150 m. d’alt., le 2 Mars 2009 (pour toutes les photos)

 

ARCHEOLOGIE : 5 siècles d'offrandes ...

 

Depuis 1998, les plongeurs de la Société spéléologique de Fontaine de Vaucluse remontent régulièrement des pièces de monnaie de diverses époques.

 

En 2001, deux plongeurs de la Société Spéléologique de Fontaine de Vaucluse aperçoivent des reflets bleutés sur la paroi, à 22m de profondeur : ce sont des centaines de pièces de monnaie..

 

Dans l'Antiquité, le jet rituel de pièces dans les lacs ou les rivières en offrande aux dieux était une pratique courante.

Les sources étaient l'objet d'une dévotion particulière chez les Gaulois.

Dans le monde antique, certains lieux, notamment les grottes, sont considérées comme les résidences de puissances invisibles.

Le débordement imprévisible et impressionnant de la fontaine a donc pu être perçu comme une manifestation divine.

 

En Août 2002 et 2003, deux campagnes de fouilles ont été organisées sous la responsabilité d'Yves Billaud (ingénieur d'études au Département de recherches archéologiques subaquatiques et sous marines d'Annecy) avec l'aide du Service régional du Vaucluse, de la région PACA et de la ville de Fontaine de Vaucluse.

 

1624 pièces de monnaie, des clous de fer, des portions de bracelets en bronze, des éléments de fibules furent remontés d'un gisement relativement concentré.

 

Les pièces étaient piégées dans les fissures d'une paroi verticale à 25 m. de profondeur dont il fallait les extraire avant de les numéroter et de les ensacher.

Travail difficile dans une eau à 12°, un terrain malaisé et avec un temps de plongée limité.

Bien qu'ayant séjourné en eau douce, l'état de conservation était médiocre, seules 40% d'entre elles étaient lisibles.

Les monnaies de bronze, très abrasées, étaient souvent incomplètes ou fragmentées.

Les rares pièces d'or et d'argent, avaient subi coups et pliures lors de violents chocs contre les parois.

 

Paul André Besombes, spécialiste de numismatique  romaine les a datées du 1er siècle avant J.C. au 4ème siècle de notre ère d'après les dessins figurant au revers .

Ces pièces sont de bons indices sur les phases de fréquentation du site, les mouvements de population et la circulation des monnaies dans le monde romain.

La plus ancienne à l'effigie du crocodile de Nîmes remonterait à 70-30  avant J.C.

Au IIIème et surtout IVème siècle apparaissent les monnaies d'or indiquant une fréquentation tardive du site par les élites sociales, les classes moins favorisées offrant des pièces de bronze qu'on a retrouvées en bien plus grandes quantités et à des époques antérieures.

La plus récente date du Vème siècle.

Aucune pièce d'époque médiévale n'a été retrouvée.

 

A noter que Véran, devenu Saint Véran, détruisit  au VIème siècle un temple païen dédié à la divinité de la source et y bâtit une église dédiée à la Vierge où il fut inhumé.

Son tombeau devint un lieu de pèlerinage important.

 

 

EXPLORATI ONS : Exploits humains et prouesses techniques :

 

La plongée spéléologique est pratiquement née dans la Fontaine de Vaucluse et les plus grands explorateurs subaquatiques s'y sont succédés.

 

1869  première tentative à -6m.

 

1878  Nello Ottonelli, en scaphandrier lourd avec casque et pieds plombés atteint -23 m, alimenté en air par une pompe manuelle en surface.

 

1946  Jacques Yves Cousteau plonge à 46 m.; il sauvera la vie de son ami Frédéric Dumas intoxiqué à l'oxyde de carbone du fait d'un compresseur défectueux.

 

1955  Des plongeurs de l'Office français de recherches sous marines parviennent à -74 m.

La limite des plongées humaines à l'air (oxygène azote ) est atteinte.

 

1967  Première  plongée d'un robot filiguidé, le Télénaute, lourd et volumineux, il se stabilisera à -106m.

 

1980  Avec l' assistance de la Comex (Compagnie maritime d'expertise) pionnière de l'intervention sous marine, Claude Touloumdjian descend à 96 m en utilisant un mélange d'oxygène et d'hélium (héliox).

 

1981  Avec le soutien technique de son épouse et sans caisson de décompression, l'Allemand Jochen Hasenmayer réussit clandestinement une plongée de 145 m qui durera 5h 25 mn.

Quelques jours plus tard, Claude Toumoumdjian, alimenté en gaz par narguilé descend à 153 m.

 

1983  Le spéléologue allemand, encore plus audacieux revient en solitaire avec une réserve de 50 000 l de gaz oxygène azote puis hélium oxygène azote.

Il atteint -285m, un véritable exploit compte tenu de l'effet de la pression de l'eau sur le mélange gazeux qui à cette profondeur provoque des effets narcotiques.

 

1983  Le Sorgonaute I : JP Viard et R. Fradin immergent l'engin qui stoppe à -245 m par manque de câble.

 

1984  Autre tentative avec le Sorgonaute II qui descend à -230m, mais ne résiste pas à la pression et implose.

 

1985  Modexa 350, mis au point par la société MIC se posera à -305 m.

 

1989 le 2  août, Le Spélénaute ROV (Remote operated vehicle), robot porte caméra a assuré le sécurité des plongées archéologiques.

Il s'est posé à -308 m.

 

1997 Pascal Bernabé (qui a battu le record du monde de plongée en 2005) descend sans doute à 250 m avec une équipe de soutien.

Son exploit ne sera pas homologué et le plongeur Denis Sirven, 30 ans, y trouvera la mort.

 

Désormais, pour toucher le fond, des robots filiguidés prendront le relais des hommes.

 

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1991_num_100_559_21046

 

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Vers la 2ème partie de Fontaine-de-Vaucluse...

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